La musique offre parfois des moments d’exception, hors du temps, qui surprennent même lorsqu'on s'y attend un peu. Cela est d'autant plus intense quand s'y ajoute la jeunesse du responsable.
Je pense n'avoir connu que deux expériences de ce type. La première fois, lors d'un stage ouvert aux amateurs de tous niveaux, j'écoutais attentivement les conseils d'Yves Sévère, clarinettiste de grand talent et professeur au conservatoire de Nantes avant de me retrouver assis au pupitre voisin de celui d'un gamin d'une dizaine d'années: Raphaël.
J'apprenais que c'était le propre fils d'Yves et qu'il s'était mis à la clarinette 18 mois plus tôt, le piano ne lui suffisant plus. Au bout de trois mesures, je me suis aperçu qu'en un temps aussi court il avait beaucoup plus progressé que bien des instrumentistes en une vie entière. Nous nous sommes retrouvés un peu plus tard à Loudun, la classe de clarinette de Nantes s'étant déplacée pour un concert exceptionnel avec la création d'une oeuvre originale. J'avais profité de l'occasion pour présenter Raphaël aux Loudunais en conseillant de bien retenir son nom. Environ trois ans plus tard nous pouvions l'entendre sur toutes les ondes quand il fut nominé aux victoires de la musique classique. Une progression foudroyante au point d'en avoir rendu jaloux un Michel Portal vieillissant.