jeudi 22 janvier 2015

On en "vœux" encore.

     
  C'est la rafale de chaque début d'année.
       Du moins, celle-ci est-elle pacifique. Nul besoin d'arme à feu pour tirer.........les rois. Et les prétendants sont toujours aussi nombreux. Après l’Épiphanie célébrée en famille, la succession de vœux offerte par les élus et collectivités de tous bords, réunis les populations autour de leurs édiles pour s'entendre dire de quoi demain sera fait et ce, la plupart du temps, autour d'une galette.

       On associe donc messages d'espoirs et arrivée du Paris-Dakar (non, je me trompe, c'est l'arrivée des Rois Mages). C'est étonnant comme le temps a mêlé croyance et paganisme autour de de cette période. On s'arqueboute sur une religion pour pérenniser l'ancienne vénération de Saturne dans laquelle on peut même trouver l'origine des cadeaux qui se font à Noël.

       Les Saturnales ont marqué le calendrier de façon curieusement indélébile. Supplantées par l'ancrage du Christianisme, elles se noient dans d'autres traditions comme la "Fête des Fous", au Moyen-Âge,  reprenant le rite romain consistant dans l'inversion les rôles le temps d'une fête: l'esclave était maître, le condamné à mort, roi (ce qui n'empêchait pas son exécution ultérieurement)et  le soldat, général. Cette nouvelle version, quelques siècles plus tard, voyait des ecclésiastiques désigner entre eux un évêque voire un pape provisoire. Finalement, c'était se retrouver dans la Parabole des Ouvriers de la 11ème heure: "Les premiers seront les derniers". Comment ne pas être mécréant devant une telle confusion.

       On aurait souhaité un tel cheminement intellectuel chez les fous furieux de la semaine passée, qu'ils se disent "il y a tant d'options qu'il n'y a sans doute  rien" plutôt que de se prendre pour le bras armé d'un hypothétique barbu tout puissant. 
        Avez-vous remarqué, d'ailleurs, que tous les dieux sont barbus?  

dimanche 11 janvier 2015

Le temps des larmes

Sans avoir eu le temps de de se redresser, encore courbés, groggy, assommés par l'horreur de ce 7 janvier, nous pleurons tous ces victimes, célèbres pour certaines, anonymes pour d'autres mais liées à jamais dans un destin qu'aucun de nous n'aurait voulu imaginable. Il faut s'y résoudre: la bêtise associée à la lâcheté et l'ignorance enfantent l'ignominie. Tout ceci va bien au-delà de l'intégrisme qui refuse toute forme d'évolution. On est en présence de la plus stupide des régressions, une régression barbare vide de toute réelle idéologie, uniquement capable de terroriser pour exister. La destruction est son discours, le meurtre sa rhétorique. Incapable de voir qu'un trait de crayon peut être plus explicite qu'un chapitre du Talmud, un verset de la Bible ou une sourate du Coran, elle ne sait que tuer pour argumenter.

Reste donc nos larmes. Qu'on soit isolé ou noyé dans les rassemblements qui s'organisent, on pleure nos morts, nos proches, nos amis. Nous avons tous, forcément, connu des moments de deuil dans nos familles et ce qui se passe actuellement semble en être une redite à l'échelon du pays. Aujourd'hui, la France ne s'appelle pas Marianne mais Charlie. Nous sommes tous Charlie, son frère ou sa sœur, un parent proche ou éloigné et nous éprouvons l'intense besoin de dire que nous appartenons à cette famille. Les reportages et les images sur les impressionnants cortèges qui sillonnent nos villes témoignent de cette cohésion. Le malheur soude. Ces victimes sont nos héros. Aujourd'hui, 11 janvier 2015, le temps va s'immobiliser, le pays se retrouver auprès de  leurs proches, tenter d'aider les heures à accomplir la difficile tâche de continuer à vivre malgré l'absence, malgré les absences.

mercredi 7 janvier 2015

Bon anniversaire!!!

Je n'y peux rien. Je suis né un 7 janvier.
Longtemps ce chiffre 7 m'a paru magique. Il y a sept notes de musique, autant de planètes dans le système solaire. 7 femmes chez le polygame Barbe Bleu, 7 nains autour de Blanche Neige (j'éviterai à mon plus zélé commentateur de prendre le clavier en convenant avec lui que j'aurais pu faire le 8 ème). On peut continuer avec les 7 péchés capitaux, qu'on ne sait plus très bien énumérer et auxquels la religion catholique a imaginé opposer 7 vertus. Bien d'autres exemples sont possibles, je ne cherche pas à être exhaustif.

Comme assez régulièrement ce jour là, le téléphone a retenti plusieurs fois pour m'apporter les meilleurs souhaits de proches, de parents, d'amis.

J'ai du mal à m'en réjouir.

Comme chacun, je suis atterré par la nouvelle du carnage à Charlie Hebdo. Je ne saurais en rajouter. Les médias tournent en boucle sur cette horreur et sont là pour distiller les informations qui leur parviennent. Que faire, que dire? Pour tous les témoins éloignés que nous sommes il y a la possibilité des messages de soutien, de sympathie ou de colère. Les moyens sont désormais bien nombreux. Je ne sais s'il est utile de se précipiter dans des rassemblements improvisés, chacun jugera. Mais, nous pensons tous aux victimes, aux familles des policiers et des journalistes qui viennent de voir le ciel s'effondrer sur leurs têtes.On ne peut que s'effacer devant l'intense douleur qu'elles vont devoir surmonter, le vide qui vient de se créer sous leurs pieds et auquel il va être tellement difficile de s'accoutumer.

Tout va être dit sur le danger des intégrismes de tous poils, de toutes chapelles. On ne va pas manquer de gloser sur l'impéritie de tels gouvernants, sur le racolage éhonté de tel ou tel courant politique, le sectarisme des clans. Plus tard sans doute reviendra-t-on sur les causes profondes de ces cancers qui rongent nos sociétés, qui génèrent ces monstres capables d'une telle lâcheté.On se demandera encore une fois pourquoi le vivre ensemble est-il inaccessible, l'éducation trop souvent inabordable, la tolérance au ban de nos préoccupations.

Je souhaite en ce moment me souvenir de ces hommes dont je m'aperçois qu'ils ont accompagné une grande partie de mon existence. C'était Cabu, dessinant des planches en direct au "Club Dorothée", Wolinski créant un "Georges le tueur", mais celui-ci arborait un pistolet à eau. J'ai longtemps conservé le dernier numéro d' "Hara-Kiri" disparu après avoir annoncé qu'un bal tragique avait fait un mort à Colombey et adopté "Charlie-Hebdo" le 'Journal qui profite des malheurs des autres". Parmi bien d'autres, j'y ai découvert les caricatures de Charb et Tignous. Plus tard, quand Radio France  meublait les heures, dans une voiture où je passais bien trop de temps,  la chronique économique du vendredi et son échange Bernard Maris-Dominique Seux était devenue incontournable.

"La liberté de la presse ne s'use que si l'on ne s'en sert pas". Le "Canard enchaîné" nous le rappelle chaque semaine. Vont-ils devoir corriger cette sentence et la rapprocher de l'avertissement concernant le tabac: "Un trop grand usage de la liberté de la presse tue".

Mauvaise journée que celle de mon anniversaire cette année. Une date que je n'oublierai pas. Une coïncidence que je rapprocherai d'une autre tragédie. Un jour, un coup de sonnette à notre porte.Une jeune fille, amie de nos enfants entre, le sourire aux lèvres et une bouteille de champagne à la main. C'était le jour de ses 20 ans qu'elle souhaitait fêter avec nous. Elle nous rejoint dans le salon, devant la télévision. Le bras s'abaisse, le sourire disparaît. C'était en 2001, c'était le 11 septembre