mercredi 9 mars 2016

Ce n'était pas utile.

          Il n'est de jour sans que le sort des populations déplacées au gré des guerres fratricides, des conflits religieux ou des épurations ethniques camouflées en opérations de maintien de l'ordre ne viennent s'étaler sous nos yeux de téléspectateur ou de lecteur.  

          Chaque jour montre l'impuissance de nos gouvernants occidentaux à esquisser un début de solution humainement acceptable. Chacun s'abrite (pour ce qui est de notre vieux continent) derrière les décisions d'une Europe timorée qui, même lorsqu'elle parvient à initier une voie d'espoir, ne sait s'y faire engager les états membres. On chipote sur des quotas, on se menace de frontières hermétiques, on reproche la frilosité de l'autre tout en se calfeutrant un peu plus. On  menace même de  refiler ses propres demandeurs d'asile sur l'autre berge du canal. Au milieu de tout cela, la détresse d'importation s'institutionnalise. 

          De jungle calaisienne en  centre de rétention, les malheureux survivants de ce tsunami humain sont ballottés de passeurs négriers en administration tatillonne, pauvres numéros balancés sur la loterie géante de l'asile providentiel. Dans cet imbroglio, il arrive quelquefois qu'une ébauche de solution vienne secourir quelques-uns. On pensait le vivre à Loudun avec l'ouverture d'un  ATSA (Accueil Temporaire Service d'Asile), hébergeant 90 personnes dans un foyer géré par ADOMA. La mayonnaise prenait. Beaucoup commençaient à se sentir chez eux et s'en ouvraient lors de rencontres dans les associations caritatives, les cours d'apprentissage de langues ou de  simples rencontres dans la rue. Après le soufflé retombé des hurleurs au loup, notre cité s'habituait à ses nouveaux voisins dont la discrétion était sans égal. On se rappelait les engagements du sous-préfet, Ludovic Pacaud, rassurant le maire et ses administrés sur le fait que l'Etat payait tout, que ces personnes, non autorisées à travailler, percevraient une allocation journalière de 11.45€ devant leur permettre de subsister.

         Contre toute attente, cette allocation n'est plus versée à un grand nombre de résidents. Depuis plusieurs mois, pour certains. L'inquiétude légitime que cela suscite se transforme en revendication auprès de la responsable locale d'ADOMA dont la capacité d'intervention  doit être ici bien faible. Chargée de leur vie quotidienne au sein du foyer, elle n'a bien sur aucune prise sur le budget de l'Etat, aucun moyen d'accélérer la régularisation de ces impayés.

             Ils n'ont pas défilé en cortège ni fait brûler de pneus. Ils ont tout simplement protesté en quittant leur logement pour passer la nuit dehors, une expérience qu'ils n'on pas eu encore le temps d'oublier et tendu un drap sur lequel quelques mots interpellent tant bien que mal les Loudunais et leur logeur sur leur situation. Il n'en fallait pas plus pour déclencher une (modeste semble-t-il) intervention policière, mais au delà? Il faut souhaiter que la régularisation des paiements soit très rapide et que la sérénité revienne.  Que ce ne soit pas le prétexte à raviver les braises haineuses du racisme et du rejet qu'on avait entrevues voici bientôt un an. Souhaitons que Joël Dazas, le Maire de Loudun, obtienne au plus vite des services  concernés, le versement des sommes dues. Il reste tant à faire  pour continuer à mieux se connaitre.

              Non, vraiment, ce n'était pas utile de faire ces retentions mesquines. 

             Allez, Monsieur le Sous-Préfet: "Aidez-nous, mettez la main à la poche". 



















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