A gauche, un champ de ruines.

Même en courbant l'échine, le coup de fouet porte. La déroute attendue s'est bel et bien réalisée. A peine des chiffres plus ou moins affinés étaient disponibles, on a vu se répandre comme bien souvent, des commentaires à la manière de l'école des fans de Jacques Martin: ils ont tous gagné et même ceux qui ont perdu, en constatant que les pertes redoutées n'étaient pas tout à fait celles que l'on constatait, trouvaient matière à contentement.

Cela me faisait penser au commentaire de P. Lantier après les dernières municipales où il voyait "une victoire dans la défaite". Comment se satisfaire de la médiocrité? En politique, c'est comme en sport. On gagne ou on perd. Quelquefois, il peut y avoir match nul et une partie à rejouer. En sport, ce n'est pas bien grave, il y a des rencontres chaque semaine. En politique, c'est plus fâcheux.. L'équipe gagnante imposera ses choix pendant longtemps avant qu'une nouvelle compétition, bien plus tard, ne redonne une chance  l'autre camp.

Retour aux résultats et aux réactions suscitées.

L'abstention un peu moins forte que prévue devenait une victoire de la participation.

Le Front National, loin de submerger le territoire et rétrogradé à la troisième place voyait une victoire de son ancrage dans le pays.

Le PS, avec ses malheureux 21% mais dopé jusqu'à 36% avec l''ensemble de la gauche ne pouvait que s'estimer heureux de talonner la droite à un point d'écart, en évitant de trop  parler des quelques 500 cantons perdus en une seule journée.

La droite nous a délégué Sarkozy pour dire combien les vilains socialistes payaient le prix fort pour leurs ratages successifs depuis le début du quinquennat et brandissait ses petits poings pour jeter l’opprobre sur quiconque, dans son camp, appellerait à un comportement républicain au second tour, fusse au risque de dérouler le tapis à un gars de la marine.

Pour nous au moins, bien au chaud au creux de notre nouveau canton survitaminé, il n'y aura pas d'état d'âme de second tour. Du premier coup de fusil, Bruno Belin conserve sa place d'élu départemental et va désormais s'appliquer à convaincre ses collègues de la future majorité de droite (comment  pourrait-elle ne pas être de droite?) qu'il est bien plus apte que Guillaume de Russé à conduire le char départemental.
Ici pourtant, la messe n'est pas encore dite.

Il est intéressant de s'arrêter sur les chiffres  d'hier, surtout sur ceux des perdants. Et puis, les rapprocher du précédent scrutin est également édifiant.

Pour le Front National, les 28.22% interpellent. En 2011, il n'y avait que 12.48 pour Marie Josiane mais, il y avait également une autre candidature bien à droite de la droite avec Patrice Wozniack recueillant 11.82 soit un total de 24.30. On n'est plus si loin du score de Houssein/Martinet.

Ce n'est pas pour autant rassurant de se dire que 2890 de nos voisins sont sensibles au sirènes de la xénophobie, du populisme et de la régression programmée.

Pour l'extrême gauche, l'envie d'inventer un département écologique et solidaire n'a pas payé et à 4.79% elle fait du sur-place par rapport à 2011 où J.Yves Lépinay obtenait 4.77.

La grosse désillusion est sans doute pour Thierry Perreau qui n'atteint pas les 15%. On peut trouver tous les paramètres possibles pour expliquer cela. Redire qu'un candidat écologique est rarement plébiscité en milieu rural. Il faut aussi évoquer l'inexistence nationale de son parti. On ironisait naguère sur les 5 points d'Eva Joly à la présidentielle mais que dire des pitoyables 2.1% d'EELV hier?
Ceci me conforte dans la conviction que l’arrangement socialistes/écolos à la veille des primaires du PS n'a été qu'une sombre farce dont personnes n'a tiré profit excepté quelques caciques vert pomme qui s'accrochent désormais à leur acquis comme une bernique à un rocher.
En 2011, Thierry Perreau obtenait 8.08 et en ajoutant mon score on avait 24.46% pour la gauche non communiste. Nous avons donc eu 10 points d'évaporation entre les deux scrutins.
Y-a-t-il des explications?

On peut rétorquer que l'assise de la consultation n'est pas la même et c'est vrai.Mais si l'on s'amuse à cumuler les résultats dans les 11 communes de l'ancien canton on obtient 54.11 pour Belin, 26.24 pour Martinet, 15.64 pour Perreau et 4.01 pour Herboireau. Les différences ne sont donc pas significatives. 

Assurément, à gauche, le paysage est à reconstruire.