Vive les grandes vacances!

 -Comment ça, les grandes vacances? Ton agenda fait du saute-mouton avec le calendrier. Nous ne sommes qu'en mai.

   -Sans doute, mais quand des ponts permettent de construire des viaducs entre deux RTT et de les consolider avec quelques jours de  récupération, il ne faut pas hésiter. Et puis, je ne parle pas vraiment de congés scolaires ou de repos pour salarié, je  ne suis plus concerné par ces deux éventualités.

     -Se quoi s'agit-il, alors?

     -Tout simplement de laisser le blog en roue libre. De prendre un peu de temps pour d'autres occupations, de laisser sécher l'encre des billets précédents comme le venin de certains commentaires et de se laisser porter par la monotonie ouatée qui semble envelopper notre cité.

     -Bon, on fait le point maintenant? Il y a eut quand même quelques événements ces dernières semaines?

     - OK, revenons sur terre.    

 Pour la première fois, je me trouvais à Leuze un 1er mai. A l'invitation de nos amis belges, nous passions quelques jours d'agréable compagnie en dehors des trop brèves rencontres officielles bisannuelles. L'occasion d'échanger sur les similitudes qui rapprochent aussi bien nos villes que nos pays.  Au plan national, la partition linguistique qui les divise rend le pays ingouvernable sans d'invraisemblables contorsions consensuelles autour de compromis inattendus. C'est ainsi qu'on a pu entendre le socialiste Elio di Rupo, remplacé au poste de premier ministre par le réformateur Charles Michel dire à son successeur qu'il appliquait son programme. J'ai fait remarquer à mon interlocuteur que nous étions aussi bien loti avec un président  (de gauche, paraît-il) élu sur un programme et 60 propositions avant de se fracasser contre ce mur de la finance qu'il voulait abattre puis trébucher dans le fossé du libéralisme. 

    -C'est bien intéressant tout cela, mais localement, comment vont-ils?

    -Ils sont, comme nous, confrontés aux difficultés quotidiennes de la recherche d'emploi, de la vie chère, des problèmes de sécurité routière et des problèmes de circulation avec, malgré tout, l'avantage sur nous de posséder une gare où passe encore des trains. Comme à Loudun, leur centre ville additionne les fermetures de boutiques et se désertifie.

      -Nous, maintenant, on a une zone commerciale flambant neuf qui s'est ouverte pendant ton absence.

      -Depuis le temps qu'on en parle, il fallait bien que cela arrive. Pourtant, en lisant après coup le compte-rendu du journal, j'ai eu l'impression que l'ouverture s'était faite dans une grande discrétion, sans roulement de tambour ni feu d'artifice. On est loin des annonces tonitruantes préludant à son lancement. Pas beaucoup de commentaires sur les emplois créés ou l'offre nouvelle en matière de commerces et de services. Quand on fait le point, en dehors du Super U  qui sera peut-être un contrepoids utile au centre Leclerc, je ne vois que les déménagements de Weldom, des Opticiens Mutualistes et de l'Entrepôt qui a abandonné la partie textile en cours de route.

Où en est la synergie déterminante annoncée naguère par E. Benas et qui devait doper le centre ville? J'entends parler de la fermeture prochaine des chaussures "Rosier" et de deux ou trois autres commerces. Les survivants vont se sentir comme des Robinsons au milieu d'un océan de "bail à céder".

    Ce n'est pas que du pessimisme et j'aimerais avoir des idées à proposer. Il y avait bien l'idée de mettre Careo à contribution, comme je l'ai déjà suggéré et de copier un peu ce qu'avait fait les Chinonais pour que le groupe Chessé s'investisse dans le centre ville après l'implantation du "Grand Carroi" mais rien de tel n'a été tenté.

    Le 9 mai s'est tenu la première édition de la "Fête de Printemps". Manifestation d'une journée bâtie sur les cendres d'une Fête des Jardins en perdition, elle a connu un franc succès. Le beau temps aidant, les visiteurs sont venus. Ils ont pu apprécier les efforts conjoints des commerçants, de la FAE, de la municipalité et des services techniques. Qu'ils en soient remerciés. Ils ont ainsi prouvé que notre cité était gaie, vivante et animée quand on se donnait la peine se pencher sur elle. C'est vrai, une seule journée n'est qu'une éclaircie mais l'initiative était bonne et si personne n'a fait fortune ce jour-là, tous les retours entendus expriment une grande satisfaction.

    -As-tu remarqué que personne ne voulait manquer l'occasion chez les élus. Outre le maire, nous avions un Président d'assemblée départementale, une élue de cette même assemblée, un vice-président de CCPL et d'autres que je n'ai pas du apercevoir. C'est bien le preuve que Loudun intéresse?

    -Je crois que c'était pour certains l'occasion d'étrenner des galons tout neufs et pour d'autres de signifier qu'il ne fallait pas les oublier. D'ailleurs, c'est sans doute parce qu'elle était noyée dans la verdeur des décors que je n'ai pas aperçu notre écologiste députée ni son suppléant (mais ce n'est pas bien grave).

     -Puisque tu y fais allusion, qu'attends-tu du nouveau président départemental?
   -Essentiellement qu'il fasse ce pour quoi il a été élu mais je n'ai pas trop d'illusions. Dès sa prise de fonction, il s'est 'emparé' - paraît-il - du dossier de la RD 147. J'ai lu qu'en séance, il s'était engagé à faire progresser à grandes enjambées les améliorations annoncées pour le sud-Vienne. Pas un mot sur notre secteur. Trois jours plus tard, dans la presse, on lisait qu'il lançait une étude sur la situation dans le grand nord de sa circonscription dont les résultats devraient nous être donnés d'ici 18 mois à 2 ans. Je me dis qu'avec  cette accumulation d'études, ils vont tous être sacrément instruits mais que nous serons toujours aussi mal lotis.

  -Tu as des nouvelles de la CCPL?
  -Pas vraiment.J'en étais aux dernières déclarations d'Edouard Renaud annonçant un nouveau Conseil Communautaire en mai pour élire le remplaçant de B. Belin. Ne voyant rien venir, j'ai passé un coup fil rue de la Fontaine d'Adam où l'on m'a répondu que rien n'était encore programmé. Sont-ils à ce point divisés sur le sujet pour ne pas vouloir en débattre au grand jour? Il est vrai qu'avec la flopée de vice-présidents qu'ils se sont octroyés, la boutique doit être bien tenue, même sans chef suprême. Je pencherais, pour ma part, sur le fait que l'héritage doit être difficile à assumer et l'endettement tel que les projets vont avoir bien du mal à sortir de terre et les nouvelles idées à se concrétiser. Il faut, sur le sujet, lire l'intéressante analyse de Nicolas Turquois dans la NR d'hier, même si je mets un bémol pour son affirmation quant à  l'équilibre trouvé par Belin entre la ville centre et la multitude de petits villages. J'y ai plutôt vu une mise sous l'éteignoir du principal contributeur.

    -Décidément, tu es toujours aussi pessimiste.
    -Pas exactement. Je pense surtout que peu de chose évoluent, que l'on cherche à focaliser l'attention sur des hochets comme CAREO ou Center Parcs.
    Concernant ce dernier, par exemple, il est également très intéressant de comparer les deux articles passés dans la NR le 15 et le 18 mai.
   Dans le numéro du 15, c'est l'association des partisans qui se délecte de l'aboutissement du projet. "L'avenir du canton, j'y crois" s'y chatouille le nombril avec le pinceau de la délectation, faisant uniquement une approche économique ou plus exactement commerciale. On se flatte à juste titre du possible débouché offert aux produits locaux en général et viticoles en particulier. On est plus discret sur l'aspect social et la qualité des jobs offerts, particulièrement dans le secteur du nettoyage. "Il manque quelques personnes pour le service de nettoyage le lundi et le vendredi" explique doctement M. Guth, le manager général du domaine.Il admet que le nombre d'heures proposées est si faible qu'il faudra que les salariés retenus se trouvent une activité complémentaire auprès de Pôle Emploi ou de l'ADMR.  Reconnaître aussi ouvertement que ce ne sont effectivement que des petits boulots que l'on propose, c'est faire preuve d'un cynisme assumé.
     Le 18 mai, Pascal Lhermitte (responsable du développement au sein des ressources humaines) est plus disert en avouant que c'est une grande partie de ces 218 emplois précaires n'est pas pourvue. Je m'étonne pour ma part qu'un CDD vous faisant travailler de 10h à 15h le vendredi et le lundi ne fasse pas se précipiter tous les demandeurs d'emploi de la région. Côté cynisme, M. Lhermite n'est pas mal non plus quand il explique qu'il a eu moins de problèmes en Lorraine parce que la situation de l'emploi était encore plus catastrophique que chez nous.
    En réalité, le Domaine du Bois aux Daims connait le même sort que les autres sites.De nombreux blogs et journaux relaient les informations sur le turnover de 30% qu'on y constate et les litiges qu'ont a connaître les Prud’hommes. Je crois que ce sont ces deux aspects de l'impact Center Parcs qu'il ne faudra jamais perdre de vue: l'apport indiscutable en matière de commandes aux entreprises locales et régionales, tant pour la construction que la gestion, la manne financière par la fiscalité (particulièrement la taxe de séjour pour la Com-Com) et d'autre part le sort des salariés. On ne peut pas se contenter de répéter à l'envie "c'est mieux que rien" pour justifier qu'on approuve, que l'on encourage ces empilages de précarité.