mercredi 10 juin 2015

Le Sous-Préfet aux Champs, version 2015.

Il y avait bien un sous-préfet en soirée, ce jeudi 4 juin à l'espace René Monory. Des champs, il en était également question puisqu'il s'agissait de ceux de Grillemont sur lesquels l'Etat vient de jeter son dévolu. C'est tout particulièrement la parcelle où se trouve la bâtiment depuis longtemps déserté par l'AFPA qui est l'objet de convoitises.

Je repense à Daudet, ses lettres et son moulin:"M. le sous-préfet est en tournée. Cocher devant, laquais derrière, la calèche de la sous-préfecture l’emporte majestueusement...." Je n'ai pas eu l'opportunité de le voir arriver en carrosse et ne peux juger que de l'élégance stricte de l'homme. M. Ludovic Pacaud me fait songer à tous ces jeunes cadres, forcément dynamiques, que j'ai pu croiser dans ma vie professionnelle.Tous tirés à quatre épingles et droits dans leurs certitudes. Des "bien repassés" avait-on coutume de dire en les apercevant.

Je me dis qu'à  l'époque d'Alphonse il aurait eu, lui aussi,  "son bel habit brodé, son petit claque, sa culotte collante à bandes d’argent et son épée de gala à poignée de nacre". 

La similitude s'arrête ici. Ce soir, il n'est pas question de fuite bucolique, de versification champêtre ou de débraillé dans les fougères. L'heure est à la quadrature du cercle. Il n'est pas venu pour l'inauguration du comice agricole mais pour confirmer  aux Loudunais que leur ville a été choisie pour accueillir des demandeurs d'asile.
Pas de ça chez nous!!
En pénétrant dans la salle, c'est murmure que l'on entend planer au-dessus des fauteuils. A saisir quelques bribes de conversation, on se rend compte que l'invasion nous guette, que la patrie est en danger et l'ennemi à nos portes.
C'est bien cela.  Le pire est à craindre. Des hordes de va-nu-pieds seront dans nos murs cet automne.

Essayons d'y voir un peu plus clair.
Dès le début de la réunion, on se rend compte que la  procédure suivie n'a rien fait pour faciliter les débats, bien au contraire. C'est dès la fin 2014 que l'Etat français, bien frileux dans l'aide et l'assistance aux réfugiés et apatrides, à envisagé diverses possibilités d'héberger temporairement des demandeurs d'asiles.  Le plus simple (et bien plus économique que de payer des chambres d'hôtel) étant de les loger dans des locaux lui appartenant, un inventaire rapide à fait remonter à la surface ce bâtiment jadis occupé par les stagiaires de l'AFPA.

On la connaît bien, à Loudun, cette construction avec sa toiture galbée faisant plus penser à un bâtiment agricole qu'à un Foyer de Jeunes Travailleurs. C'est d'ailleurs la première curiosité. Dans son exposé, le sous-préfet croira judicieux de dire que la structure est parfaitement adaptée, sans gros travaux préalables car précédemment utilisée "comme F.J.T.". On croit rêver. Nous sommes nombreux à avoir en mémoire ces délibérations de conseil municipal où l'on proposait justement d'y déplacer les pensionnaires de ce vrai foyer de jeunes désormais impropre à la consommation pour cause de vétusté et d'amiantage excessif. On nous expliquait alors que ce n'était absolument pas possible, que le jeu d'une mise en conformité n'en valait pas la chandelle du résultat. Il faut croire qu'aujourd'hui l'urgence (et surtout le moindre coût) prime sur l'obsolescence.

Le plus étonnant est à suivre. Le maire de Loudun explique avoir contacté les services de l'Etat pour faire part d'un projet communal de déplacer le centre de loisirs et  le situer justement dans ce bâtiment AFPA. C'est par la réponse obtenue qu'il apprendra la décision, antérieurement arrêtée, d'en faire une centre d'accueil pour demandeurs d'asile. La désinvolture de l'administration et le mépris de la préfectorale pour les élus locaux est ici scandaleuse. Quand j'interpellerai, plus tard, le sous-préfet pour lui demander si, en l'absence de cette démarche nous aurions eu connaissance de leur choix avant l'arrivée des premiers autocars de réfugiés, il évitera soigneusement de répondre.
Cette cachotterie a immanquablement apporté de l'eau au moulin des détracteurs. Si on leur cache quelque chose au niveau de ce choix c'est forcément qu'on leur tait des conséquences dramatiques.
Le sous-préfet continuera d'argumenter sur l'opportunité de la décision, Mme Veck, (présidente  régionale d'ADOMA) expliquera le rôle de son association et la façon dont elle gère les missions de ce genre que peut lui confier l'Etat.

Tout ceci ne parait pas beaucoup convaincre dans le camp des détracteurs. On les sent impatients de dégainer leurs arguments. Romain Bonnet, tout récent créateur d'un collectif anti-réfugiés, sera le premier à dire son refus tout net de voir arriver ces demandeurs d'asile. D'autres, après lui, reprendront des arguments éculés et xénophobes dignes d'une campagne du Front National. On va voir les vols et délits en tout genre augmenter... nos maisons vont se déprécier...après l'AFPA l'Etat envahira d'autres bâtiments du Loudunais...au-delà des 90 premières personnes attendues, combien d'autres suivront...on favorise les étrangers au détriment de nos voisins et de nos anciens...on va les payer à rien faire........

Le débat est houleux et difficile. Y prendre part, pas toujours simple. Je demande au maire de préciser son sentiment personnel sur cette affaire. Il faudra réitérer la question pour l'entendre dire qu'il n'y est pas favorable. C'est une déception. J'attendais plus d'humanité  chez un homme dont la courtoisie et la proximité sont unanimement reconnues. Faut-il y voir un comportement électoraliste? Je ne peux m'empêcher de penser à la volte-face prise par son équipe à propos d'une Maison Relais et de logements sociaux approuvés sans retenue précédemment. Y-a-t-il un lien avec la prochaine élection du président de la CCPL que chacun s'accorde à lui voir obtenir alors même qu'on ne l'a pas entendu dire publiquement qu'il était candidat?
Mystère!
Je repense au mandat précédent et aux actions menées aux côtés d'E. Benas (et il n'y a pourtant pas eu beaucoup de sujets autour desquels nous nous sommes retrouvés) pour  défendre des familles géorgiennes ou arméniennes, assister un couple franco-africain ou faire évoluer la coopération entre les associations caritatives de Loudun.
C'est certain, Joël, j'aurais bien aimé continuer tout cela avec toi.Faut-il en conclure que la charité, quelle soit chrétienne ou agnostique ait déserté nos campagnes?

J'ai pu dire au cours de cette réunion que j'étais favorable à ce projet, qu'on ne peux pas se lamenter devant les télévisions montrant les gardes-côtes italiens repêcher de rares survivants en se disant "Ah! les pauvres gens!" puis tout avoir oublier après le fromage ou le dessert.

A suivre.













6 commentaires:

  1. Dazas était surement au courant pour le projet ainsi que notre fameux DGS, ils ont là l'opportunité de mettre aux normes le bâtiment.
    L'ETAT, l'administration mauvaise soit elle !!! a prévenu la municipalité bien en amont de cette réunion, mais le courage de l'équipe avec son maire ne savaient pas comment répondre et informer les Loudunais !!!! Et cette tactique est bien celle qui travaille dans l'ombre même connu de nos élus depuis fort longtemps ....
    Réveillez-vous LOUDUN, les forces de gendarmerie ne seront pas suffisamment importantes pour veiller à votre sécurité.

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  2. M. Fortin est gonflé de faire son effarouché à propos des mesures Gouvernementales relayé par la Prefecture, après avoir béni l'arrivée de la sois disant Gauche au pouvoir !!! le plus bizarre reste ce "tutoiement " envers Joël Dazas , qui , le connaissant , doit bien se marrer en constatant la soudaine proximité d' un détracteur virulant tel que M. Fortin

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    1. Ce tutoiement est réciproque et courtois. Il n'empêche en rien d'échanger sans "se marrer".

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  3. Entièrement d'accord avec vous ! Mais la générosité n'est plus de ce monde ... Il y en a beaucoup que je n'aurai pas aimé avoir comme voisin en 1940.
    Très décevant ce Dazas ... mais électorat passe avant générosité ! Si la maison d'accueil avait été proposée à quelques km de Loudun, tous ces braves gens auraient été en 1ère ligne pour trouver l'idée géniale !

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  4. Philippe , ancien du Grillemont, j’avais soutenu l'installation de la maison relai.. Aujourd'hui encore, je soutiendrais ce lieu d'accueil pour demandeurs d'asile.... Je suis heureux que tu poursuives ton combat et, de la Bretagne où je vis désormais, je garde un œil intéressé sur la ville où j'ai vécu le temps de mon activité professionnelle. Il est bon de savoir que des "veilleurs", des vrais poursuivent sur le chemin qu'ils avaient jalonnés.
    Bon courage et continue!
    Gérard BERTIN

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