jeudi 7 janvier 2016

A oublier, 2015?

     -Tu as fait tes cartes de vœux cette année?
     -Non, avec le temps je m'aperçois que cela  ne sert pas  à grand chose.
     -Eh bien dis-donc, je ne te savais pas aussi pessimiste.
     -Ce n'est pas de la morosité mais de l'observation. Il y a un an, comme d'habitude, on s'est embrassés aux douze coups de minuit en se souhaitant mutuellement joie, bonheur, réussite et inévitablement bonne santé.
     -C'est quand même une bonne tradition, non?
     -Peut-être, mais quand on voit ce qu'on a vécu depuis douze mois, on se dit que tous ces souhaits, plus sincères les uns que les autres, auront été d'un rare inefficacité. C'est l'horreur et non le bonheur qui nous aura réunis au-delà de toute attente. L'année aura été trop brève pour permettre un début d'assimilation de ce qui nous a été asséné. Nous sommes encore titubant devant l'inacceptable, l'incompréhensible. Chaque jour nous apporte sa petite info complémentaire sur des enquêtes épiées par les médias sur les événements de janvier  et de novembre. On en est a nous concocter des dossiers récapitulatifs, des tables rondes pour faire le point, des analyses forcément savantes sur la montée de ces intégrismes dans notre pays et leur traduction dans des gestes absurdes, dans une barbarie démesurée.
     -On ne peut tour de même pas demander à chacun de faire une croix sur tout cela?
    -Bien sur que non. Tout comme on ne pourra jamais oublier cette année 2015. Elle restera comme une gigantesque plaie suintant pour toujours sur notre Histoire contemporaine. Elle s'ajoute, se mêle et se superpose à l'histoire de chacun d'entre nous. Quel que puisse être notre éloignement des victimes, des survivants, de leurs proches, nous conserverons la mémoire de détails intimes de nos existences fixés par le révélateur de l'horreur absolue, impensable, imposée par le pire de ce qu'a pu engendrer la folie de l'homme.
   -C'est vrai. Quelque part, on se sent tous coupables de n'avoir pu rien faire d'autre que d'être d'impuissants témoins. Comme après chaque drame, des voix s'élèvent pour crier "Plus jamais ça" puis on tend le dos en attendant la prochaine catastrophe. Mais, que faire d'autre sinon se souhaiter mutuellement  un peu plus de quiétude pour l'avenir?
     -Je n'ai pas plus de réponse que toi. Ce que je crois, c'est qu'il faut donner un peu  de temps à la douleur pour qu'elle s'atténue. Il n'est nul besoin, ainsi que je viens d'en voir l'annonce  à la télé, que des Pujadas expliquent qu'ils vont refaire l'histoire du 7 janvier 2105. S'ils savaient combien les natifs de cette date considèrent maintenant leur jour anniversaire au travers d'un drôle de prisme. Que va-t-il changer en reprenant d'anciens reportages agrémentés de nouveaux commentaires? J'ai peur qu'on manque de pudeur en faisant de cette date un fond de commerce. Ce jour-là, comme tous les '7 janvier', j'ai pris une année supplémentaire sans grande envie de la fêter. Je suis seulement devenu capricorne ascendant Charlie.
     -C'est une coïncidence malheureuse qui ne t'empêches pas de prendre encore un an de plus. Tu ferais  mieux de sortir  les bouteilles et les glaçons.
      -Çà, bien entendu on va le faire, mais sans oublier 2015 espérer que 2016 sera pour nous tous moins boulimique de scènes d'horreur et, au plus près de mon quotidien, moins friande de passages dans les cimetières où le milieu hospitalier. Il y a des moments où même l'humour ne peut plus grand chose face à ces overdoses.

      Tous mes vœux à ceux qui me font l'amitié de venir, quelquefois visiter ce blog, y compris à mes plus fidèles détracteurs car je continuerai à être pour eux une épaule sur laquelle ils pourront s'épancher sans retenue.      


3 commentaires:

  1. En attendant plus un mot sur les migrants accueillis chez nous alors qu'en Allemagne , leur présence pose déjà d'énormes problèmes !

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  2. c'est faux M Fortin vous n'instaurez pas de dialogue dans votre blog , il n'y a pas d'échanges ou si peu , jamais de réponses à vos prises de position concernant les Migrants et les dangers pour notre communauté Loudunnaise d'accueillir sans suffisamment de contrôle,cette Population à risque qui devra être canalisée et dont le désoeuvrement programmé débouchera immanquablement sur des drames dont nous ne pouvons encore calculer l'ampleur.
    Votre responsabilité au regard de votre prise de position inconsciente, est énorme et mérite d'être clarifiée car elle engage nos Enfants et petits Enfants,les vôtres y compris ... !

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  3. Pour répondre aux deux commentaires des 7 et 9 janvier, je pense qu'il me faudra sans cesse reprendre les mêmes explications. Tout d'abord, sur le manque de dialogue qui m'est reproché, je rappelle que j'ai été un peu découragé, avec le temps, à répondre aux éternels propos désobligeants quand ils n'étaient pas insultants à mon égard. Je pense continuer à être de bonne foi en publiant "d'anonymes" remarques comme celles qui précèdent.
    En ce qui concerne ma responsabilité dans le phénomène migratoire contemporain, j'avoue ne pas m'être rendu compte de ma responsabilité au regard de tout ce qui se passe dans le monde, en Allemagne comme ailleurs. Notre "communauté Loudunnaise"(sic), ne me le pardonnera sans doute jamais sauf à constater qu'ici, la cohabitation se passe, pour l'instant, sans problème. Encore une fois, je ne suis pas devin mais soucieux de l'humain, quel que soit son passeport où son défaut de papiers. Ma compassion et mon soutien (quand je le peux) vont vers ceux qui sont en demande, qu'ils soient voisins de longue date ou de la veille. Loin de me reprocher quoi que ce soit, mes enfants et petits enfants sont complètement dans le même état d'esprit.

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