lundi 8 juillet 2013

Le faussaire et le plagiaire (fable estivale)




En ces temps reculés où l’on vivait en paix,
Un village éloigné des chemins TGV
Tentait de résister aux crises mondialisées
Planté sur un piton, dominant les vallées.

Rien ne lui souriait. Ses habitants trimaient,
Lassés de voir loin d’eux les richesses s’éloigner.
Les fortunes alentour semblaient les ignorer
Et des mannes divines, aucune retombée.

Les veillées étaient tristes à toujours ressasser
La gloire du temps passé quand on était coté
Au point que l’un des siens, pour les favoriser,
Avait planté sa tente non loin de l’Elysée.

Hélas la nostalgie ne peut rien arranger
Et à l’ancien mentor nul ne sut succéder,
En sachant comme lui les deniers attirer
Ainsi qu’activités, usines ou ateliers.

Il arriva alors que tout ce désarroi
Fut connu du pays et même bien au-delà
Aiguisant l’appétit d’aventuriers sournois
En quête d’un terrain à soumettre à leur loi.

L’un d’eux eut pour audace de se ‘mimétiser’,
Se fondre dans la foule, pour se faire adopter
A tel point que le peuple, ému et subjugué,
De la ville, empressé,  lui octroya les clés.

Il n’eut dès lors de cesse que de tout régenter,
Oubliant les promesses qu’il avait prodiguées
Afin de parvenir jusqu’au trône convoité,
Marchant, à l’occasion,  sur des têtes coupées.

Du peuple trop crédule pour se l’imaginer
Peu de voix s’élevaient pour s’en préoccuper,
Comme si une lourde chape avait anesthésié
Tout esprit d’analyse, toute sagacité.

Le temps passait, lui laissant le répit
De modifier sans cesse les engagements pris,
De s’assurer l’aubaine, pour lui et ses amis,
Et savoir en tous lieux s’attribuer les profits.


Du fond des cours obscures finirent par ressortir
Des brouhahas inquiets de craintes sur l’avenir.
Il avait beau crier, hurler et tempêter
La rumeur gonflait, montait, se propageait.

Il était temps d’agir, il fallait contredire
Ceux qui avaient émis toutes ces vérités,
Emballer le décor pour reprendre la main
Sur une populace qui attendait  « Demain ».

Les hérauts renvoyés, il  fallait cependant
Pouvoir communiquer sur son maigre bilan
Et faire croire aux manants que cette réussite
Lui permettrait, serein, d’envisager la suite.

Et c’est là qu’intervint, sans ambages, un compère,
Avide de profits faciles et sans s’en faire,
Pensant  que dans les yeux, la poudre du mystère
Saurait impressionner  vassaux et prolétaires.

C’était penser à tort qu’il vendrait sans effort
D ’antiques sémaphores pour une poule aux œufs d’or,
Matériel dérobé dans une autre contrée
Que des ploucs ignares se laisseraient refiler.

Mais que nenni, beau Prince et sachez à présent
Qu’on ne vient plus chez nous mentir impunément.
Il est, en Loudunais, des limites tenaces
Que la raison de tous saura tenir en place.





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