Retrouvailles de jumelles. (article complété)

Voilà bien un dizaine de jours que je procrastine devant plusieurs ébauches de textes, les voulant tous compléter mais ne sachant résister à des tentations extérieures.

Avec le Mondial de Foot qui est reparti et une équipe de France qui semble se souvenir que courir derrière le ballon pour le porter dans les buts adverses est tout ce qu'on leur demande, cela n'arrange rien. Il continue pourtant à se passer des choses dans notre bon Loudun.
La venue des Belges, par exemple. C'était seulement la semaine passée pour le week-end de Pentecôte et c'est toujours chaud bouillant dans les esprits. On s'est déjà passé des coups de fil pour s'assurer que le retour s'était fait sans encombre et que l'on rêve des prochaines éditions.

53 ème année du Jumelage Leuze-Loudun et c'est toujours la même ambiance qui prévaut à nos retrouvailles. Il y a eu certes, en filigrane, le souvenir de l'inachevé quand en 2011 la double inconstance du maire d'alors (non, ce n'est pas un jeu de mots ni du Marivaux) lui avait fait ignorer et mépriser successivement deux commémorations du même type, deux occasions de se montrer européen convaincu, d'affirmer qu'il était soucieux des liens tissés entre villes sœurs.

Ce fut rapidement gommé par les comportements respectifs du bourgmestre Leuzois, Christian Brotcorne et du maire Loudunais, Joël Dazas qui firent assaut de courtoisie, de bonne humeur, de simplicité, de vérité.

Plus tard, dans la soirée du dimanche, le Président Yves Jehenne revint sur le retour loupé de l'an passé et je suis convaincu que tous les participants ont apprécié cette façon de faire table rase de ces embrouilles et de cette médiocrité dont les responsables ont disparu de notre environnement immédiat.

On s'est donc retrouvés comme avant, mieux qu'avant car tellement décontractés. Plusieurs anciens d'entre nous ont connu les échanges fondateurs de 1961/1962 et certains entretiennent même des relations remontant à l'origine de ce jumelage.

Le déroulé de nos rencontres est toujours un peu le même: arrivée en fanfare, cortège dans la ville, discours, intronisations et vin d'honneur. Un enchaînement tellement dense que l'enthousiasme des Hume Piots à honorer de nouveaux intronisés leur faisait oublier les hymnes nationaux. Puis, une soirée en famille pour se remémorer l'histoire commune, une journée du dimanche avec visite d'un site remarquable et halte obligée dans un non moins remarquable site à connotation bachique.

La réussite de cette union réside également dans tout ce qui se passe en dehors du programme officiel. Les relations nouées, par affinités familiales ou de loisirs, font se retrouver les cyclos autour d'un dîner en commun permettant de refaire oralement (et peut-être enjolivé) le parcours de leurs exploits. Les musiciens (quand la proximité des examens ne pénalise pas trop les jeunes Leuzois) répètent le concert commun du lendemain avant de mieux faire connaissance autour d'un buffet. On ne parle pas des nageurs au timing plus que serré et rôdé de longue date. Pongistes et marcheurs ont aussi marqué leurs territoires. Nous avons partagé, cette année, la tristesse des motards pour lesquels un deuil trop récent n'a permis qu'une brève mais très émouvante apparition.

La mayonnaise prend et l'on peut retourner le bol sans crainte. Cela tient jusque tard dans la soirée du dimanche. Après la soirée de gala, les échanges de cadeaux, de discours, d’amabilités et de toasts à répétition, la bonne humeur se déverse dans la salle, sous les pas des danseurs, rythmée par la guitare de Jacky, le sax de Brice et l'accordéon de leur complice. Il feront des envieux et et la soirée dansante tournera au bœuf avec la montée sur scène d'instrumentistes Loudunais et Leuzois.

Oui, cette 53ème édition nous aura fait un grand bien à l'âme. Et puis, ce mariage de cités s'est doublé cette fois-ci d'une réelle union à l'état civil. Murielle et Jacky ont fait fondre en larmes ce grand gaillard de Francis Ladavie en le faisant témoin d'une véritable union, tenue secrète jusqu'à la salle des mariages de l'Hôtel de Ville.

Il faudrait un mardi de Pentecôte pour avoir le temps de comprendre qu'il est déjà l'heure de se séparer. On monte et on redescend des cars pour s'embrasser une dernière fois, la clique des pompiers qui est décidément increvable nous en remet une petite louche et les mouchoirs sortent des poches autant pour s'agiter en l'air qu'éponger des larmes.

L'amitié est un voyage où l'important n'est pas la destination mais la durée du parcours.