mercredi 4 juin 2014

Un dimanche au Château

C'est un rendez-vous annuel et incontournable pour les amateurs de musiques en tous genres que nous sommes. Pour la 25ème fois, Oiron et son Château nous ouvraient en grand salles, jardins, places et Collégiale. Il y en a eu pour tous les goûts, toutes les envies. C'est sans doute la raison du succès sans cesse renouvelé de cette manifestation.Plus de quatre vingts séquences de spectacles amateurs, majoritairement musicaux mais avec une part laissée au théâtre et  à la danse seront proposés dans l'après-midi.
L'organisation, bien entendu, est rodée. Du parking aux différents emplacements où il se passe quelque chose, organisateurs et bénévoles sont aux petits soins pour les artistes du dimanche comme pour les visiteurs venus en nombre. De 13 h à 18 h, ce sera une succession ininterrompue de chassés-croisés entre les scènes extérieures et les salles du Château.

Il est magnifique ce château. C'est d'abord une silhouette  qui surplombe les cultures, comme un navire perdu sur un océan de verdure.Puis, les derniers hectomètres révèlent le village, le fourmillement des voitures et des les colonnes humaines attirées, aimantées par la cour d'honneur. Les bras sont chargés de pupitres, d'éléments de sono, de costumes ou de glacières.On se mêle à la colonne montante avec l'impression de débarquer au milieu d'une kermesse ou d'un monumentale fête de famille.

Nous étions arrivés plus tôt, pensant que déjeuner sur place ce serait un gain de temps. C'était oublier que l'excellente cuisine du Relais de Château n'incite pas à une déglutition de fast-food. Un peu essoufflés, nous préparons pupitres et instruments, attendant que le groupe précédent ait laissé sa place. Nous essayons de restituer au mieux les heures passées à travailler les trios de Mozart. Un public complaisant nous encourage de ses applaudissements tandis que des silhouettes longent le fond de la salle à la recherche d'autres exécutants.  C'est le principe de base de cette programmation. Les artistes amateurs se produisent dans des lieux ouverts permettant à chacun d'arriver en retard,  de rester ou de partir, sans contrainte.

Notre temps de passage est écoulé. On remercie pour les encouragements et l'on rejoint nos amis d'une formation un peu plus étoffée avec lesquels nous proposerons une autre audition. C'est un nouveau mouvement de chaises et de pupitres devant des spectateurs patients au nombre desquels on reconnait quelques amis amusés de ce curieux ballet. J'en profite pour remettre dans l'ordre des partitions agrafées en dépit du bon sens (ma méticulosité est proverbiale) et nous mêlons le son de nos clarinettes à ceux des violons, de la flûte et du piano. Nous avons laissé Mozart pour un choix plus éclectique qui permettra de conclure par une brillante démonstration de virtuosité par Valeriya qui laissera admiratives toutes les personnes présentes tant l'archet de son violon semble être soudainement ensorcelé.
C'est le grand bonheur de cette pratique musicale que de mêler nos compétences forcément limitées au brio de professionnels aguerris. Pendant un court instant, leur talent nous transperce et nous donne l'illusion de le partager.

Nouveau changement de décor. Notre trio ayant été invité à se produire une seconde fois, nous rejoignons la salle dévolue. La digestion s'est faite, les partitions sont (pour moi) dans le bon ordre et ce bon Wlofgang s'en trouvera mieux traité.

Nos prestations sont terminées, on peut maintenant aller écouter ceux qui n'en ont pas encore terminé. La cour d'honneur croule sous les grondements d'une batucada, la pelouse voit un attroupement se former autour d'un groupe de saxophones pétillant d'énergie et plus loin, une estrade s'apprête à recevoir un groupe de jazz.

La journée est passée comme un rêve. Déjà les parkings se vident. On retrouve, sur le chemin de la sortie, des collègues des années passées auxquels on souhaite bon retour en se donnant rendez-vous l'an prochain.
Chacun regagne son anonymat après avoir été "l'Artiste" d'un moment et c'est maintenant dans le rétroviseur que s'éloigne la silhouette du Château.

Partager la musique, dans la pratique ou dans l'écoute, est vraiment une rare aubaine.












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