Ça y est, il y est parvenu.
Avoir quelques minutes de gloriole relayées
au plan national. Dans la dernière émission de David Pujadas, Romain Bonnet
buvait du petit lait en interpellant le premier Ministre. Comment s’était-il
glissé jusqu’au premier rang du public ? Peu importe. Il tenait son moment
d’immortalité. Plus personne n’ignorerait son existence.
Pour
en arriver là, il avait fallu d’autres arrivées. Celles de malheureux migrants
qu’un caprice étatique avait aiguillés sur Loudun, dans l’ancien bâtiment AFPA.
Aussitôt, se sentant investi d’une obligation de croisade et rejoint en cela
par un partenaire d’opportunité, il s’était élevé contre cette venue, clamant
haut et fort à l’invasion incontrôlée, la délinquance inévitable, la
dépréciation de l’immobilier et, pourquoi pas, le retour de la fièvre aphteuse.
Olivier Amselleck et lui-même ont alerté tous les médias possibles et
imaginables pour faire écho à leurs prétendues inquiétudes, se vantant au
passage de la qualité de leur plan « com ». Ils ont fait
circuler une pétition douteuse quant à la régularité de son organisation et
revendiqué des centaines de signatures. Il n’ont pas ménagé leurs efforts pour
interpeller nos concitoyens sur le marché, à leur domicile ou dans les
bars jusqu’à en excéder clients et tenanciers. Que penser
du libre arbitre des signataires, s’exécutant parfois pour y gagner un peu de
tranquillité ?
Il
s’est emparé de cette situation pour rebondir dans l’opinion publique locale,
ayant épuisé un précédent cheval de bataille et n’ayant pas réussi à figurer,
plus récemment, politiquement ou socialement. Si nous avions connu une invasion
de sauterelles ou une apparition divine, il aurait déployé la même énergie sur
cet autre levier.
Alors,
dans « Des paroles et des actes », il en a dit, des paroles. Un
discours fleurant bon la récitation d’une leçon bien apprise flirtant avec les
thèses frontistes pour, finalement, arriver nul part. Il reconnaît n’être plus
inquiet et souhaiter que les associations impliquées travaillent sereinement (on
ne l’a pas attendu). Il admet donc s'être fourvoyé. Le péril est peut-être pour
après demain mais pas pour demain. Nous voilà rassurés.
J'ai envie, à mon tour de l'interpeller pour
lui dire:
"Romain, puisque tu admets une
précipitation dans ton jugement à défaut d'une erreur, il est encore possible
de corriger. Tu peux passer maintenant de la diction à l'action, des paroles
aux actes, comme on dit chez Pujadas. Tu pourrais t'impliquer dans une
association caritative et donner de ton temps pour aider à secourir les
nécessiteux. Malheureusement, je pense cela peu envisageable et pour tout
dire, ni souhaitable, ni souhaité.
Alors il reste une opportunité. Reprendre ta
pétition et, avec le concours de ton associé, retourner voir les signataires en leur expliquant que vous vous être trop rapidement enflammés et que c'est par erreur que vous leur
avez annoncé la fin du monde. Les inviter plutôt à faire preuve
d'hospitalité. Le passé de Loudun y invite. Ils verront ainsi d'un tout autre
regard nos nouveaux voisins et te seront peut-être reconnaissants, un jour, au
fond d'un isoloir, si tu parviens enfin à finaliser une quelconque
candidature".