mercredi 10 avril 2013

ET LE SOCIALISME DANS TOUT CELA ?              


Strauss-Kahn, Guérini, Cahuzac, Augier….. quand cette liste cessera-t-elle de s ‘allonger ?

Il va être rapidement très difficile de ne pas céder à la facilité de ce commentaire simpliste et définitif : « tous pourris ».       Il va être très compliqué de défendre des idées bafouées par ceux à qui nous avions confié le soin de les mettre en pratique. Il va devenir impossible de tenir tête aux détracteurs n’argumentant qu’avec les Unes des quotidiens et les gros titres des journaux télévisés. Mais comment leur reprocher ? Les fautes sont caricaturales, les comportements outranciers. Pour tout homme de conviction (quelles que soient celles-ci) le sentiment de trahison est forcément premier. Nous sommes trop nombreux à nous être investis dans une démarche de conquête amenant au sommet de l’Etat une équipe digne  d’appliquer une politique longuement débattue puis gravée dans un projet pour supporter d’en rester là. Au-delà de difficultés conjoncturelles, imprévisibles parfois, mais parfois minimisées ou ignorées, ces exemples précités viennent flétrir un peu plus un projet politique déjà bien minoré et une action gouvernementale à la peine.

Et puis, je me rappelle des évènements, des lectures ou des échanges qui finalement laissaient tout entrevoir sur la réalité de la vie politique ou plutôt de la vie de nos hommes politiques.

Du plus loin qu’il m’en souvienne,  le milieu familial et une inclination naturelle m’ont toujours fait préférer un camp plutôt que l’autre, constatant que peu de nantis revendiquaient l’héritage de 1936. Les « Trente glorieuses » qui ont englobé une bonne première partie de mon existence, période de consommation inflationniste débridée, période bénie de quasi plein emploi, ont vu l’esprit revendicatif se réduire à un activisme catégoriel, l’oligarchie possédante  achetant la paix sociale par de faux partages des richesses.

Celles de l’esprit ne s’achetant pas, le mouvement de mai 68 se mit en devoir de se les attribuer. En marquant ma première année universitaire, ces évènements m’ont fait comprendre que la chienlit dénoncée par De Gaulle était une véritable révolution culturelle, la nécessité de faire coïncider l’avancée sociétale  et son cadre politico-économique. 

La fin du Gaullisme, les limites du Pompidolisme et l’émergence des crises énergétiques contribuèrent à redistribuer les cartes partisanes de l’échiquier politique. Du Programme Commun de Gouvernement en 1972 à 1981 et l’élection de Mitterrand, c’est la gauche caviar qui va faire sa gestation, étouffant le PC, marginalisant les Rocard et autres idéalistes du PSU avant de les absorber dans un PS hégémonique.

Un de mes cousins, très à gauche de la gauche, m’expliquait à cette époque, en critiquant la 2CV de Fabius ou les costumes de Lang : « Vois-tu ces gens là ? S’ils sont de gauche, c’est que l’horizon était bouché à droite où toutes les places sont déjà prises pour des années. S’ils veulent exister, il ne leur reste plus qu’à miser sur la victoire de la ‘ Génération Mitterrand’ ». Il y a bien du vrai dans cela et ce n’est pas l’omniprésence de la promotion Voltaire qui peut l’infirmer.

Pourquoi cet historique un peu trop personnel, au risque d’être taxé de passéiste rétrograde? Sans doute pour exprimer la difficulté de m’y retrouver dans le flou politique de nos actuels dirigeants, les épiphénomènes que sont Cahuzac et consorts ne faisant qu’exacerber cette difficulté. Où se trouve le lien entre les hommes et les valeurs ? Tout semble s’être dilué dans la seule obtention du but premier : le pouvoir. J’ai l’impression qu’à la mairie de Loudun ou à l’Elysée, sur deux plans peu comparables, avec des idéologies aux antipodes, le même schéma se reproduit : conquête et conservation des pouvoirs obtenus, un discours lénifiant et l’hiver qui n’en finit pas noyant le reste.

Pourtant, je continue à croire aux paroles de mes parents, aux leçons de mes maitres et au fait que l’on n’a rien donné si l’on n’a pas tout donné. Il ne s’agit pas de se dépouiller mais d’aller au bout de la générosité, de ses convictions, de ses idéaux, de ses engagements, jusqu’à  voir en l’autre son propre reflet pour se dire que l’on a progressé de quelques pas. De croire que ce n’est pas en vain que l’on a persisté au-delà du raisonnable. Du local au plus général, de la vie municipale à des aspirations plus larges, j’ai expérimenté la distance séparant l’idéalisme qui m’anime depuis toujours de la réalité, des hypocrisies , des mensonges et  du rigorisme des appareils prompts à préserver leurs propres frontières. En ce sens, l’expérience vécue aux côtés de Christian Michaud  lors des dernières  législatives et la morale hypocrite invoquée pour nous évincer apparaissent bien disproportionnées, mesurées  à l’aune de la tempête actuelle.

1 commentaire:

  1. « « Vois-tu ces gens-là ? S’ils sont de gauche, c’est que l’horizon était bouché à droite où toutes les places étaient déjà prises pour des années. S’ils voulaient exister, il ne leur resterait plus qu’à miser sur la victoire de la ‘ Génération Mitterrand’ ». Il y a bien du vrai dans cela et ce n’est pas l’omniprésence de la promotion Voltaire qui peut l’infirmer » »


    Mon dieu, tu écris ce que je répète depuis + de 30 ans.
    Oui, toton était de ceux-là, la génération Mitterrand, je l'ai soutenue, parce que moi aussi je souhaitais sans doute aller dans le sens du vent, force ou faiblesse ? La promo Voltaire, même erreur, mais où aller ??
    Que « Dieu » m'en préserve, BB fait face au vent qui nous menace.
    BB.

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