mercredi 14 mai 2014

Entre 8 Mai et 6 Juin.

Je ne compte plus les commémorations auxquelles j'ai pu participer. Qu'il s'agisse del'Armistice de 11 novembre 1918, de la Capitulation de l'Allemagne nazie du 8 Mai 1945 comme, plus récemment du 19 mars 1962, marquant la fin de ce conflit  Franco-Algérien dans lequel trop longtemps, on refusa de voir une guerre.
Ces célébrations sont indispensables, tant nous devons à tous ceux qui ont souffert, perdu les leurs ou leur propre existence, victimes engagées par devoir dans une lutte pour la liberté ou victimes innocentes d'exactions insensées ou de bombardements aveugles.
Chaque fois j'ai ressenti la même émotion, les mêmes interrogations: comment l'aurai-je supporté? Quel aurait été mon comportement? Le décalage entre ces évocations et le confort de notre quotidien rend tellement difficile l'effort d'imagination.
C'est peut-être pour cela qu'aujourd'hui, j'ai souhaité parler de quelqu'un qui m'était proche, dont le visage m'est encore familier lorsque je ferme les yeux.

Elle s'appelait Lorraine, quelle drôle d'idée. Pourquoi pas Alsace ou Franche-Comté.
En réalité, son véritable prénom était Marcelle, un prénom répandu pour un femme née en 1896. Grand'tante maternelle, nous n'avions qu'assez rarement l'occasion de rencontrer "Tata Marcelle". Elle avait depuis longtemps quitté son Châtelleraudais natal, lui préférant l'iode Breton et les granits roses de Perros-Guirec. Sa venue en Loudunais était toujours un événement. Son Aronde Simca hors d'âge, aux feux arrières rafistolés au sparadrap, devait être équipé du pilotage automatique tant sa conduite, peu aidée par une forte myopie, était  approximative.

Tout cela n'avait d'égal que sa gentillesse. Son séjour était l'assurance de longues heures de discussions entre adultes, de longues heures d'écoute béate pour les enfants que nous étions alors, nous nourrissant de leurs souvenirs d'une période grise dont ils faisaient des récits aux allures de contes, d'aventures extraordinaires. D'une fois à l'autre, nous ajoutions un chapitre à ce roman familial et à géométrie variable.Nous finissions par mélanger les rôles, faisant se rejoindre les expéditions campagnardes en quête de ravitaillement aux réels actes de résistance. Je passais de l'histoire du "Père Guenon", décrochant sa canne-fusil  pour tuer le coq du voisin, au messages destinés à Radio-Londres et défiant les barrages, dissimulés dans le cadre d'un vélo. Nous n'osions interrompre pour faire répéter et figer un peu mieux les épisodes.

Avec le temps, des visites en Pays Breton, des discussions avec ses enfants et la lecture de documents qui me furent confiés, j'ai mieux compris ce qu'un courage exceptionnel lui avait fait accomplir. J'ai lu qu'elle usait de faux certificats médicaux pour justifier ses nombreux déplacements entre Châtellerault et La Roche Posay. Qu'elle fut dénoncée à deux reprises pour ce rôle de factrice ou la distribution du journal "RÉSISTANCE", qu'elle faisait le coup de feu  avec son mari et  le groupe "MAX" ou le groupe "ALEX".

De toutes ces anecdotes, c'est sans doute la plus inattendue qui m'est restée  en mémoire. Un jour que leur groupe de résistants tendait une embuscade à un convoi allemand, elle envoya son mari en reconnaissance, tant l’attente paraissait anormale.Il parcouru quelques hectomètres à bicyclette et tomba nez à nez avec le début du convoi qui, perdu, cherchait à s'orienter. Le tonton René fut réquisitionné pour servir de guide et, vélo à la   main, entre deux "feldgendarmes", il avançait, tremblant à l'idée d'être abattu par son propre camp.
"Alors, tata, que s'est -il passé?"
"Et bien rien. Nous l'avons aperçu à temps et avons laissé passer tout le monde. Le convoi descendait vers le sud et son itinéraire a été communiqué à d'autres réseaux".

Si j'en parle  aujourd'hui, c'est qu'elle s'est également préoccupée de faire passer la ligne de démarcation à beaucoup de monde. Parmi eux, des familles juives fuyant les rafles. Je pensais à ce M. Buttenweiser nommé dans une de ses citations lorsque nous avons vécu le poignant hommage rendu aux époux Gaboriaud, le 21 juin 2012. Curiosité encore de l'histoire croisant la géographie, il y eut aussi un M. Pichot, de Oiron, à notre porte et plus surprenant encore, M. Edgar Kauffmann d'Audun le Tiche. Les liens entre Loudun et la petite cité Mosellane étant tellement particuliers, j'ai cherché la trace de cette personne. Malheureusement, il a quitté sa ville en 46 pour Chaville, en région parisienne où les services de l'état civil n'ont pas pu me donner la moindre piste.

Tout ceci me revenait le 8 mai dernier, devant le Monument aux Morts, à l'écoute du message lu par deux enfants. Leur élocution était juste, le timbre bien posé et la lecture parfaite. En les regardant, je pensais qu'ils lisaient une page d'une Histoire qui s'éloigne d'eux. Que nous-mêmes sommes devenus les passeurs d'une mémoire qui n'est plus la nôtre et dont nous devons assumer la plus fidèle des transmissions.Que la Croix de Guerre et la Médaille de la Résistance de Lorraine-Marcelle comme le sort de tous ceux qui se sont levés autour d'elle comme partout en France et sont souvent tombés dans l'anonymat nous imposent ce devoir de mémoire respectueuse.








15 commentaires:

  1. il faudra que tu expliques clairement ce qui évoque pour toi l'armistice du 11 novembre 1948 ???????

    Tu as raison d'évoquer le passé, c'est un sujet pour des vieux !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    Il me semble que toi aussi la retraite littéraire ferait du bien à tout le monde mais surtout à toi !!!!!!!!!!!!!!!!

    Déjà tu as perdu le fil de la vie municipale, il ne faudrait pas non plus que tu perdes le fil de tes blablas............. Merci Pierre !!!!!!!!!!!!!! mais je pense que tu es trop fier pour reconnaitre que j'ai raison.

    Plus de mots sur l'action municipale qui se résume en peu de choses depuis que le nouveau maire s'est installé

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    1. Avant de critiquer bêtement, essaie d'écrire dans un français correct et compréhensible ! Et en quoi as tu raison ? Toi seul dois ou crois la savoir !

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  2. Merci de m'avoir signalé ce hoquet chronologique. Encore une fois, mon plaisir d'écrire n’entraîne aucune obligation de lecture envers qui que ce soit mais cependant: de quoi faut-il remercier ce Pierre?

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  3. Café du commerce17 mai 2014 à 21:10

    Le ton haineux et stupide de ce commentaire est sans aucun doute le reflet de la personnalité d'un homme aux abois, certainement par manque de ressource… Je dis un homme, dans le cas contraire la subtilité et la finesse y serait.
    Heureusement le talent de Philippe Fortin nous fera vite oublier ce triste individu.



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  4. je vois que café du commerce et Fortin ne font plus qu'un !!!!!!

    Bravo philippe !!!!!!!!!!! tout le monde n'est pas dupe et les résultats électoraux l'ont montrés !!!!!!!!
    Le fameux Pierre est ton pote Lantier

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    1. Café du commerce19 mai 2014 à 09:27

      Philippe: le serpent à 3 têtes!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
      Je ne suis pas dupe!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
      Il vaut mieux en rire, non?

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  5. Je ne savais pas que Lantier était le pote de Philippe ! Et toi quel est ton engagement par rapport aux loudunais, mis à part ta prose plus que moyenne ? Enfin arrête avec les résultats des élections, ton courageux Benas à abandonné avant la fin,vexé que les loudunais l'ai rejeté ! La aussi personne n'est dupe !

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  6. - ce n'est pas mon courageux BENAS, car je n'est jamais été de ce coté là.
    - en plus et j'ai la vague impression que Philippe est un homme qui n'aime pas trop les gens qui ne sont pas Loudunais ? et que son action avec le mandat suivant ne ressemblera pas avec celui d'hier ??????. car il sait que maintenant malgré son âge son avenir municipal est cramé et qt que sa parole vaut pas un clou

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    1. J'ai longtemps hésité à publier ces lignes tant elles n'apportent rien mais me suis fixé comme postulat de ne refuser que les propos outranciers ou injurieux. Je ne commenterai pas non plus laissant à chacun le soin d'en constater la vacuité.

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    2. J'apprends avec stupéfaction que Philippe n'aime que les loudunais !! Et toi quelle valeur a ta parole ?

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  7. Ce n'est pas que Ph Fortin n'aime pas les loudunais mais la vérité est que , comme tous les gens de sa "castre" (profs ou assimilés ) il dédaigne tout ce qui est "libéraliste" , commerçants , artisants , professions libérales qui constitue le pouvoir central de Loudun sauf en période d'alternance ou "bascule" ( on et dedans) avec Dazas en réaction à l'aire Bénas ! mais ça ne durera pas .... 6 ans quand même ! enfin c'est fait , on connait le même problème sur le plan Nationnal !! cependant je considère que le Blog de Ph Fortin est indispensable à la res publica Loudunnaise donc je lui dit .... courage !!

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  8. Anonyme de 12:45 vous feriez mieux de dire tout de go que Monsieur Fortin n'a cessé depuis sa prime jeunesse d'être un 60 huitard maintenant "attardé" qui caresse depuis toujours des rêves complètement innaplicables et utopiques ( on s'en aperçoit encore ces jours ci avec la Gauche au pouvoir ) qui heureusement pour Loudun , ne seront jamais mis en application .... Dieu merci !!

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  9. Oui mais s'agissant d'insultes grossières , il serait normal de ne pas les diffuser ; Mme Poisson qui en était régulièrement victime les éliminait systématiquement pour assainir son blog , faites en autant Mr fortin car ce genre d'individu ne mérite vraiment aucune publicité .

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  10. Sauf quand ce genre de réflexion correspond à ce que la grosse majorité des Loudunnais pensent

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    1. Nous attendons avec impatience de connaître le sondage qui vous conduit à ce genre d'affirmation.

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